La recette miracle

Développer un athlète peut s’avérer un beau casse-tête. Entre la vision des fédérations provinciale et nationale et celle de l’athlète, il y a aussi celle des parents. Quand une entité développe des athlètes de pointe en grande quantité, nous avons tendance à croire que la recette « miracle » ou la façon de faire est la bonne.

Mais cette façon de faire convient-elle à tous les athlètes? Est-elle optimale? Et si nous étions complètement à côté de la plaque?

 

Comprendre la demande énergétique d’un triathlon… et le développement du triathlète

Un triathlète performera sur des épreuves de moins de 45 minutes jusqu’à l’âge de 15 ans. Il passera ensuite à la distance sprint, qui varie entre 50 et 65 minutes, selon les parcours. Le triathlète touchera à la distance olympique à l’âge de 18 ans, qu’il parcourra entre 1h45 et 2h10.

Un entraîneur servira bien sûr à doser la charge d’entrainement. En faisant le suivi du taux de croissance des athlètes et en ajustant les entraînements, l’entraîneur pourra mettre en place des programmes appropriés au développement de l’athlète. Cela permettra également d’éviter une spécialisation précoce et assurera une fondation solide avant de passer à des volumes d’entraînement supérieurs lors des phases de spécialisation du développement à long terme de l’athlète (DLTA). Malheureusement, dans peu de cas, l’entraîneur veillera à ce que son athlète touche à d’autres sports et développe d’autres habités. La peur de perdre la perle rare au détriment d’un autre sport, peut-être? Je vous laisse y réfléchir.

Il existe peu, voire aucune documentation qui démontre qu’être soumis tôt dans la vie à des programmes d’entraînement stricts destinés à développer les éléments aérobiques de base est bénéfique pour l’athlète. Les objectifs auxquels donner priorité seraient donc de développer les habiletés motrices, améliorer la coordination et favoriser le dépassement.

 

Que se passe-t-il entre 17 et 19 ans?

Majoritairement, un.e triathlète qui se développe pour les standards internationaux les atteindra entre 19 et 23 ans. Paradoxalement, nous perdons, au Québec, la majorité de nos athlètes élites entre 17 et 19 ans, période coïncidant avec l’entrée au cégep.

Est-ce dû à une spécialisation trop rapide? Est-ce que les attentes envers l’athlète étaient trop grandes et il aura subi une trop grande pression? Est-ce que la grande charge d’entraînement spécifique aura contribué à décourager l’athlète? Est-ce que le nombre prématuré de répétitions et peut-être mal faites auront contribué à sa blessure?

 

Toute cette réflexion m’amène à croire au ralentissement du développement de l’athlète. Le triathlon est un sport à développement tardif, les habiletés doivent s’acquérir progressivement. Des bases solides permettront d’éviter les blessures. Le juste dosage de la quantité d’entraînement permettra également de maintenir l’athlète motivé longtemps. Enfin, le ralentissement de la progression assurera une pointe à un âge logique et mature.

 

Francis Bachand
Diplômé de l’Institut national du sport — Fondateur Capitale Triathlon et Capitale Natation

 

Références:

Naughton, G., Farpour-Lambert, N., Carlson, J., Bradney, M. & Van Praagh, E. (2000). « Physiological Issues Surrounding the Performance of Adolescent Athletes », Sports Medicine, 30 (5), 309-325

Grice, T. (2003). « The Development of KidTest 2002 update: A Talent Identification Inventory for Predicting Success in Sports for Children », Applied Research in Coaching and Athletics Annual, 18, 229-247

Triathlon Canada DLTA[

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