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«Une année Ironman n’est jamais ordinaire»

Par Véronique Proulx

Ambassadrice Élite Capitale Triathlon

C’est en septembre 2017 que j’ai pris la folle décision de m’inscrire à l’Ironman Wisconsin avec mon meilleur partenaire et des ami(e)s extraordinaires. Dès l’automne 2017, j’ai travaillé à bien récupérer et tenter de reprendre le plus d’énergie possible après une longue saison d’entraînement. En janvier 2018, le plan commence. Pour ceux qui me connaissent bien, le plan, je le suis à la lettre. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour relever ce défi de taille, le plus gros défi pour moi à ce jour.

Une année d’entraînement demande des sacrifices et une planification hors du commun. Travaillant à temps plein et étudiant au MBA en gestion d’entreprise à temps partiel, je me dois de trouver un équilibre de vie. Mon conjoint, s’entraînant également pour l’Ironman, m’aide aussi à atteindre cet équilibre. Pendant l’hiver, je mets l’accent sur la natation et le vélo. Chaque matin, je me lève très tôt pour faire un entraînement et parfois, je m’entraîne une deuxième fois après le travail et avant l’étude. Je crois pouvoir affirmer que ma force est la discipline. Je suis le plan et me maintiens en bonne santé.

Au printemps, j’ajoute du volume de course. Les jambes sont bonnes et je n’ai aucune blessure. La saison augure bien. Je débute avec le demi-marathon de Lévis où je réussis un PB. Ensuite, c’est le demi-ironman Eagleman où je réussis un autre PB. Ces deux performances me rendent super heureuse, je surpasse mes propres limites et je reste focus. Fin juillet, c’est au tour du Triathlon Duchesnay. C’est là que ça se gâche. La semaine précédant la course, je suis dans un sprint final d’études, car mon examen est le lendemain du triathlon. Je suis fatiguée et moins concentrée, j’ai même un peu peur de prendre le départ de la course. Je décide toutefois que cela me fera du bien et me changera les idées avant l’examen. Alors c’est un départ. Je fais la natation sans wetsuit sans aucune difficulté, j’embarque sur mon vélo le feu dans les yeux. Je réalise que je suis la deuxième femme. J’en profite donc pour maintenir ma cadence. Toutefois, imprudente, je prends un virage serré trop rapidement et la pédale intérieure au virage vers le bas. Mon pied touche le sol. À 36 km/h, je vole directement par-dessus mon vélo. Ça me prend quelques minutes pour comprendre ce qui s’est passé. Les bénévoles appellent l’équipe médicale et me disent que je dois m’arrêter. Là, je suis fâchée. Je n’ai qu’une idée en tête, j’étais la deuxième et je ne veux pas perdre cette position. Alors, cinq minutes plus tard, je repars. Je réussis à remonter jusqu’à la troisième position à la course à pied, mais me fais dépasser à 50 mètres de la ligne d’arrivée. Je finirai 4e.

Après avoir vu l’équipe médicale, la physiothérapeute, deux médecins et fait des radiographies, le verdict tombe : une grosse contusion au genou, un ligament partiellement déchiré et une bonne commotion cérébrale. Je passe plusieurs jours couchée à pleurer et penser que c’est terminé pour moi l’Ironman.

Cela me permet toutefois de réfléchir longuement à l’accident. Je réalise que, pour la première fois depuis que je fais du triathlon, je n’ai pas fait ma course pour les bonnes raisons. J’ai pensé à la position uniquement, sans penser à ma santé et les risques qu’entraîne le fait de courir après un choc à la tête. Je n’ai pas souri durant la course. Je n’ai pas salué les spectateurs. J’ai terminé fâchée de m’être fait dépasser. J’ai été très déçue de moi-même à ce moment. Ce n’est pas facile de l’admettre aujourd’hui, mais je n’aurais pas dû continuer. Je fais du triathlon pour m’amuser, mais à ce moment précis, je ne m’amusais pas. Cela m’a fait énormément réfléchir. Merci à mon conjoint qui m’a également remise sur le droit chemin en me disant que, si je n’avais plus de plaisir, on arrêtait maintenant.

Je ne suis pas une athlète professionnelle, j’ai toujours fait du sport pour me garder en santé, m’amuser et faire de belles rencontres. Je fais du triathlon pour garder un équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Je crois aujourd’hui que personne n’est à l’abri de ce sentiment de vouloir gagner, mais je réalise que ce n’est pas moi et je ne veux plus ressentir ce sentiment malsain que j’ai eu lors de ce triathlon.

Donc une semaine après l’accident, je retourne travailler avec une canne et suis à la lettre les instructions de la physiothérapeute. Je fais un retour très progressif et surveille le moindre mal de tête afin de ne pas prendre de risque avec la commotion. Deux semaines plus tard, je retourne à vélo et commence la course en fractionné 5 x 1 minute… Les deux semaines qui suivent sont très mentales. Je sais ce que je suis capable de faire en entraînement, et je dois accepter d’être moins forte, moins rapide et moins endurante. Heureusement, le mental tient le coup. Je m’accroche à tout ce que je peux, du petit garçon traversant la rue devant moi, tout souriant malgré une prothèse au lieu d’une jambe. Je vois le neveu de mon conjoint devoir subir une amputation de la jambe à cause d’un cancer à l’âge de 23 ans seulement et se relever tel un vainqueur. Toutes ces personnes me donnent l’énergie nécessaire et la force mentale de me dire que, peu importe le temps, je peux faire ce que je fais. Je peux marcher de mieux en mieux chaque jour. Je peux faire du vélo et pédaler plusieurs kilomètres. Je m’accroche aux petites victoires au quotidien.

Je relève mes manches et retrouve ma discipline. Je me couche très tôt, car les journées de travail sont exigeantes et je ressens beaucoup de fatigue. Je mange bien, dors bien et respecte mon corps, ses limites et l’augmentation très graduelle des entraînements. Je fais mes exercices de physiothérapie rigoureusement. J’accepte que certaines journées, je régresse et prends les petites victoires avec un grand sourire.

Trois semaines avant l’Ironman, ma physiothérapeute me confirme que c’est officiel, je peux prendre le départ. La natation va bien, le vélo est moins rapide, mais va bien aussi et la course sera à prendre au fur et à mesure. Elle me parle beaucoup et j’accepte qu’il y ait une possibilité que je marche mon marathon. J’avais un objectif de temps en tête il y a un mois; maintenant, mon seul objectif est de franchir la ligne d’arrivée en santé et avec le sourire! Les journées se suivent, mais sont toutes différentes. Parfois, le fait de réussir un peu de fractionné à la course est digne de la plus grande victoire et me rend heureuse. D’autres fois, me rendre compte que je manque de force en montant une côte à vélo m’enrage et me déçois. Chaque fois, je tente de me conditionner à voir le positif. Je dois également faire attention à mes maux de tête, ce qui me limite à me pousser lors d’efforts physiques et à atteindre des pulsations cardiaques trop hautes.

Deux semaines avant le grand jour, on décide mon coach et moi de tenter un peu de volume à vélo question de tester le corps, la tête et surtout le mental. Je me répète, mais ce dernier aspect est probablement le plus important dans un aussi gros défi. Mes deux tests qui ont lieu serviront à peaufiner cela! Je dois être attentive à mon corps et conserver mes efforts pour le jour J. Je dois accepter que ce ne sera pas ma performance physique qui importera et je dois surtout être intelligente afin de ne pas me causer des dommages qui pourraient ralentir davantage mon retour. Je fais beaucoup d’introspection. J’en discute énormément avec mon conjoint, ma soeur, mon coach et les professionnels autour de moi.

À une semaine de l’événement, j’atteins un certain niveau de rétablissement qui est définitivement au-delà de nos espérances initiales. Une tante à moi, malheureusement décédée aujourd’hui, m’avait déjà dit : « Tu sais, le mental et le positif sont pour beaucoup dans la vie. » Alors qu’on lui donnait six mois à vivre à cause d’un cancer, elle a contredit tous les médecins en vivant pendant plus de trois ans. Je ne compare pas ma situation à la sienne, car la mienne est plutôt banale. Mais ce mental dont elle parle, je crois l’avoir trouvé, là aujourd’hui. À quelques jours du départ, oui, j’ai des doutes, oui, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre. Est-ce que mon corps tiendra le coup? Devrai-je marcher mon marathon? Pire encore, devrai-je m’arrêter? Je pense à tout cela, mais maintenant, je suis zen. Je ne suis pas stressée. Je sais que peu importe comment la journée ira, j’aurai tout fait ce qui est en mon pouvoir pour être ici et vivre ce magnifique événement.

Alors voilà, 9 septembre 2018, il est 4h et le cadran sonne. Je me lève en étant étonnée d’avoir aussi bien dormi! Je mange ce qui est prévu pour ensuite me diriger à l’endroit où l’on dépose nos sacs «special needs». Je rejoins par le fait même Valérie, mon amie avec qui j’ai développé une magnifique relation au courant de la dernière année et qui m’a beaucoup soutenue. Nous déposons nos sacs et direction zone de transition pour faire les derniers préparatifs vélo. Une fois le tout fait, un saut au marquage et je retourne à l’hôtel afin de prendre mon wetsuit pour ensuite me diriger au départ de natation. À partir de là, tout va très vite! Ma soeur, son copain et ma nièce arrivent pour me voir! On pleure d’émotion! Pour ceux qui ne savent pas, ma soeur me suit toujours sur internet en commentant de manière très détaillée mes journées. Elle me donne toute la motivation qu’il faut! Aujourd’hui, elle est présente, elle a fait toute la route juste pour moi et j’en suis extrêmement choyée et reconnaissante! Je sais qu’avec elle ici avec moi, rien ne peut être triste. Ensuite, ma meilleure amie arrive également, on pleure encore un peu 😉 Haha! Contrairement à la majorité de mes courses, ma famille est ici aujourd’hui et je le répète, je suis plus qu’heureuse!

Mon coach me rappelle qu’il faut partir! Haha! Donc Val et moi sautons la clôture pour nous rendre au devant du fil dans le départ 1h00 à 1h10. Quelques minutes passent et voilà, on entre dans l’eau! Un dernier « bonne journée » et c’est parti. Je me retrouve dans le silence, le calme, car dans l’eau on n’entend pas la foule qui crie tout près. Je suis très confortable. Je prends mon rythme et me concentre sur tout ce dont mon coach Sylvain m’a appris cette année. Je prends le temps de faire mes tractions, de glisser et surtout d’y prendre plaisir, car oui, je suis bien dans l’eau. Le retour de la boucle est un peu plus difficile, des vagues empêchent de bien voir les bouées, donc je dois me repérer plus souvent. Ce n’est pas grave, j’ai vu pire et comme prévu, j’arrive à la toute fin en étant en forme et sans avoir trop forcé!

Je sors de l’eau le sourire aux lèvres et je pars vers la transition. La foule est complètement hallucinante! Dans la montée en cercle du stationnement à étages, des centaines de personnes sont regroupées et crient : Let’s go! Je croise ma soeur juste avant d’entrer dans le bâtiment pour me changer! J’enfile mon gilet de vélo, je prends mon casque et mes souliers et hop! je ressors. Petit arrêt pause pipi et je prends mon vélo pour partir pour ce 180 km. Je croise Val à la zone d’embarquement! Je lui crie des encouragements et c’est un départ pour la seconde partie. La première boucle est un peu difficile, j’ai peur un peu dans les virages. Le parcours n’est pas très rapide. Lorsque c’est relativement plat, nous avons un bon vent et lorsque ça descend, ça tourne beaucoup alors on doit freiner. Je prends mon temps et je teste mon genou pour bien l’échauffer. À la mi-parcours, je croise ma famille qui a pris la navette pour se rendre à Vérona, avec la poussette et tout! Je suis aux anges et ça me donne littéralement des ailes. J’entame mon deuxième tour avec beaucoup de motivation. Tout le long, je m’assure de bien manger, suivre le plan de ma nutritionniste et bien boire. La deuxième boucle passe plus vite que la première malgré le vent qui augmente. Les montées sont fantastiques, car des groupes de centaines de personnes se tiennent de part et d’autre et l’espace d’un moment, je me sens comme une star du Tour de France! Je souris à tout le monde et je prends beaucoup de plaisir! Plus que quelques kilomètres et me voilà arrivée à la transition! Je descends de mon vélo, cours changer de chandail, je prends casquette et dossard et je fais une deuxième pause pipi! Depuis le km 40 à vélo que je me retiens et j’ai l’impression que ça dure cinq minutes! Haha!

Enfin, la partie croustillante : la course à pied. En commençant, je croise ma soeur et Antoine. Ma soeur pleure de me voir, elle me dit que je suis belle et bonne et qu’elle est fière de moi. J’ai le coeur gros, elle est là, je n’en reviens pas chaque fois que je la croise. Le premier 10 km, je pense à ma famille tout en suivant mon plan à la lettre. Je cours entre les ravitos et je marche le long des tables. Cela a pour objectif de limiter le stress sur mon genou et de m’assurer de bien manger et m’hydrater pour limiter mes maux de tête. Aux premiers ravitos, je n’ai pas envie de marcher et ça me prend une force mentale pour suivre ce plan. Je sais par contre que ça me sera bénéfique plus tard. Contrairement à Duchesnay, ici, je souris et je sourirai tout le long de ce marathon! On me dit plusieurs fois : «Nice smile, keep going!» et cela ne fait qu’augmenter mon sourire. Je croise mon coach, Karim, qui me rappelle de bien suivre le plan. Je croise Sylvain et Joce dans ma première boucle. Au demi-marathon, je revois ma famille, on se parle un peu. Ça va toujours bien! La fatigue commence à se faire sentir, mais le moral est là et il restera! Il fait un peu chaud, je m’assure de me garder refroidie avec les verres d’eau sur la tête! Au km 23, je croise Francis que me dit que je suis 15e et que si je garde le pace, je peux monter de quelques places. Je suis heureuse, mais je sais que je dois continuer ma stratégie de marcher mes ravitos, alors je continue. Je croise Benoit qui est en plein milieu du parcours et apparaît pour nous encourager! Je croise Val, Mylène, Isa, Joce Ducharme et Jake. Je suis tellement heureuse! J’apprécie et vis au maximum chaque kilomètre. À 5 km de la fin, je réalise que là, peu importe que je marche à 2 km/h, je terminerai et aujourd’hui, je serai Ironman! Ça me donne des ailes. Je ralentis un peu, car je commence à sentir un inconfort au genou, mais je ne m’attarde pas à cela! Mon seul point en tête est sourire, taper dans les mains de tous les enfants et avoir du plaisir jusqu’au plus profond de mon être. Je vois 43 km sur ma montre… Haha! Je crois que j’ai peut-être un peu trop zigzagué! Il me reste environ 500 m à faire. Les émotions remontent, des larmes de joie coulent sur mes joues! Ça y est! À peine sept semaines après un accident qui aurait pu mettre un terme à ma saison, mes efforts et mon mental me permettent aujourd’hui de franchir ce fil d’arrivée tant attendu!

Aucun mot ne pourra décrire les émotions qui m’ont traversée les minutes suivant cet accomplissement. Et pour ajouter à tout cela, après avoir pris le temps de marcher un peu et d’avoir pris ma photo-finish la médaille au cou, l’homme qui a su m’épauler durant les dernières années s’est agenouillé devant moi pour me demander en mariage. J’ai explosé et cru l’espace d’un instant que je faisais une crise cardiaque. À ces émotions plus fortes que tout d’avoir accompli mon plus gros défi à ce jour sont venues s’ajouter des émotions débordantes d’amour.

Pour résumer ces sept semaines et cette journée, je peux vous affirmer que rien n’arrive pour rien. Ce que j’en retiens est que sans cet accident, jamais je n’aurais été aussi prête mentalement que je l’ai été en ce jour. Cet événement m’a permis non seulement d’apprendre à mieux écouter mon corps, mais également qu’en étant positif et qu’en tirant le meilleur de tout, nous arrivons à accomplir de grandes choses! Je vous mentirais si je disais que ça a été facile. Oui, j’ai été fâchée, oui, j’ai pleuré, oui, j’ai parfois cru que je n’y arriverais pas. Mais le côté optimiste et persévérant a toujours pris le dessus.

Je remercie la vie de me permettre d’accomplir tout ce que j’accomplis et que la santé me permet d’accomplir. Merci à ma famille et à mon fiancé qui me supporte et m’accepte dans mes horaires de fou et dans les différents sacrifices. Merci à mon coach d’avoir su adapter mon plan pour me relever! Merci aux filles pour votre support moral! Merci à tous pour vos petits mots, vous n’avez pas idée à quel point ils font partie de ma réussite!

Je terminerai simplement en vous disant : ne lâchez jamais! Appréciez chaque moment et tirez le meilleur de ceux-ci. Nous n’avons qu’une vie, autant la vivre au maximum!

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